Gayle Lemke - The Art of the Fillmore: The Poster Series 1966-1971 (2001) - L'ancien Testament


Gayle Lemke - The Art of the Fillmore: The Poster Series 1966-1971 (2001)

Malheureusement jamais traduit en Français et difficilement trouvable aujourd'hui, ce livre est la référence en matière de ce qu'on appellera par faut "posters psychédélique". Sur une période de temps finalement assez courte, le Fillmore West (et East peu après) sera l'épicentre de l'explosion de la scène musicale américaine de la fin des 60s - début des 70s. Grateful Dead, Doors, Jefferson Airplane ou encore les Byrds, Led Zeppelin et le Big Brother de Janis Joplin, tous y défileront, y livreront des prestations légendaires pour un public acquis a leur cause (révolutionnaire) et souvent passablement défoncé. Pour promouvoir ces shows, c'est tout une génération d'artistes graphiques, faisant fi de toutes les contraintes habituellement liées à l'exercice de la publicité, qui vit le jour. On retrouve donc ici Wes Wilson, John Meyers, Peter Bailey, Bonnie Maclean, Charles Seeley, Greg Irons, Victor Moscoso, Jim Blashfield, Nicholas Kouninos, Stanley Mouse, Lee Conklin, Jack Hatfield, Rick Griffin, Dana Johnson, Patrick Lofthouse, et Randy Tuten.


Après une introduction bienvenue, retraçant les prémices du phénomène et replaçant l'ouverture de la salle mythique dans son contexte historique et social, revenant sur le talent de Bill Graham, passionne autant que businessman avise qui a su capter au bon moment les gouts et les envies de cette génération babyboomesque californienne, après cette introduction donc, les portes (de la perception ?) du musée s'ouvrent enfin.

L'intégralité des affiches du Fillmore est ainsi reproduite, en pleine page pour certaines ou, plus souvent dans un format plus petit sans qu'elles ne perdent en aucun cas, leur efficacité subjective et leurs qualités artistiques. Lettrage tarabiscote, influence art nouveau, pop art, cartoons, photomontages, il y en a pour tous les gouts et, en prenant n'importe quel page au hasard, je doute que vous ne tombiez pas au moins sur une œuvre qui n'attire immédiatement votre regard, si ce n'est qui vous fascine.

Bible indispensable au collectionneur, le seul regret que l'on puisse avoir est, qu'une fois repérée et référencée (chaque poster est référence BG xx), la découverte du montant des enchères sur le net vous laisse quelque peu sonne. Preuve que ces posters initialement distribués gratuitement a la fin des concerts ou dans quelques boutiques de Haigh Ashbury, sont aujourd'hui considérées comme un dérivé du pop art a part entière. En témoigne l'exposition que leur consacra le musée de la publicité a Paris, il y a quelques années de cela, et dont le catalogue, moins luxueux et complet que le bouquin qui nous intéresse aujourd'hui, fera parfaitement l'affaire si vous souhaitez vous familiariser avec le sujet.

En revanche, si pour vous il est trop tard, et que vous êtes déjà complètement accro, vous vous régalerez de trouver ici une courte biographie de chacun des artistes, permettant de mieux en apprécier la technique et les influences, ainsi qu'un index complet permettant de croiser posters, groupes et auteurs.

On regrettera que le bouquin se limite a la salle du Fillmore (mais c'est explicitement précisé dans le titre, donc on sait a quoi s'en tenir) tant il est vrai que l'époque fut prolifique en œuvres d'arts publicitaires et que, au hasard, l'Avalon Balroom n'avait pas grand chose à envier, dans le domaine, au Fillmore. On regrettera peut être aussi que l'ensemble des affiches ne soient pas représentée en pleine page, laissant dubitatif sur le fait que tel poster se voit accorder ce privilège alors que tel autre est réduit a un quart de la surface qui aurait du être la sienne, mais la encore, c'est une histoire de gout dont chacun sait qu'il ne se discute pas. De toute façon, sur le sujet, ce bouquin est le plus beau et le plus complet qui existe, alors pourquoi pinailler ?

A la fermeture de la salle, et le lent déclin des idéologies en vogue, le phénomène disparaitra presqu'aussi vite qu'il était apparu et c'est une toute autre forme d'art graphique qui viendra illustrer l'explosion du mouvement punk, en noir et blanc xeroxisé. Jusqu'à l'émergence d'une nouvelle génération d'artistes qui remettra l'affiche sur le devant de la scène dans les années 90, mais ca, c'est une autre histoire qui continue encore aujourd'hui.

3 commentaires:

Brutor a dit…

J'adore les affiches du Fillmore, et des festivals de la fin des 60's et débuts 70's. De l'art à part entière. Du genre que l'on peut faire trôner dans le salon (ma femme ne serait peut-être pas d'accord).
J'ai longtemps cherché en vain un livre en français sur le sujet.
Comme pour Roger Dean.

Crew Koos a dit…

Heyhey Brutor merci pour ton passage. Yep dans un salon ca doit etre magnifique, c'était ma base de négo avec ma femme, finalement j ai obtenu... les toilettes :)
Le livre présenté ici est en anglais, mais tu peux toujours chercher le catalogue de l'expo du musée de la pub a Paris ( il y a 4 ou 5 ans) lui était en francais et vaut aussi son pesant de cacahuetes :)

Brutor a dit…

Merci pour l'info.
Étonnant ces femmes, tout de même : la mienne m'a fait la même réflexion lorsque je voulais exposé un poster de Fender customisées (que des pièces uniques !). M'enfin !